BILAN SOCIAL ET FORMATION 2019


Que nous apprennent les indicateurs sociaux chez Fret SNCF ?

Le bilan social est le document " socle ", basé sur une trame Groupe SNCF, qui rassemble les principaux indicateurs sociaux de l'entreprise.

Cette année, le bilan social 2019 a été re­mis tardivement à l'instance.
Il comprend : la répartition de l'effectif par catégorie socio­professionnelle, par qualification, par âge et ancienneté, par sexe, les entrées et sorties d'effectif, les données relatives à I'absen­téisme, à l'accidentologie, à la formation...
Certaines de ces données font l'objet d'un document spécifique issu d'égaiement d'une trame imposée par le Groupe (bilan forma­tion, rapport sur la situation comparée entre les hommes et les femmes). 
Enfin, d'autres données sont détaillées dans des documents spécifiques Fret (données sur I'accidentologie notamment). 
Notre article fait référence à d'autres éléments que ceux issus du bilan social, afin d'appré­hender de façon globale la politique sociale chez Fret SNCF. 
Le bilan social 2019 présente les évolutions sur 3 années (2017, 2018 et 2019), et pour la première fois, il est présenté à l'effectif to­tal, c'est-à-dire l'ensemble des agents, y com­pris les agents en ILD et les contrats aidés (alternants et apprentis). 
Les intérimaires ne sont pas comptés dans l'effectif total, leur em­ployeur n'étant pas Fret SNCF. 
Concernant les contrats aidés, s'ils repré­sentent moins de 3 % de l'effectif total, ils sont 9 % à la Direction Fret. 

La baisse des effectifs chez Fret SNCF se poursuit

La purge des effectifs se poursuit en 2019; entre 2012 et 2019, Fret SNCF a perdu 44 % de ses effectifs, avec une activité en recul de 35 % (trafics réalisés en Gtkm).
En 2019, presque 10 % des agents sont des contractuels (CDI, alternants). 
Les femmes représentent 12 % de l'effectif en 2019 (elles étaient 13 % en 2018).
En ef­fet, s'il y a eu 44 embauches de femmes en 2019, (majoritairement en contractuelles), la part des femmes dans les cessations de fonc­tion est plus importante que leur représentati­vité chez Fret SNCF. 
La population Féminine de FRET représente 64 % des contrats aidé et 37 % des agents à temps partiel. 

Entre 2018 et 2019, si la baisse d'effectif est de 9 %, ce sont les agents sédentaires dont la population est le plus en recul.

Effectif total 31/12 2018 2019 Var. 19/18

Sédentaires 1 700 1 488 -212 (-12 %)
Conduite 1 942 1 782 -160 (-8 %)
Maîtrises 1 316 1 243 -73 (-6 %)
Cadres 1 458 1 317 -141 (-10 %)

 
Effectifs au 31/12 6 416 5 830 -586 (-9 %)

Les entrées et sorties d'effectif en 2019 : une sortie massive d'agents au cadre permanent

Sur l'année 2019, dernière année avec la possibilité pour Fret SNCF d'embauches au cadre permanent, il y a eu 37 entrées d1'agents au CP pour 329 départs. Pourtant, les entrées d'agents contractuels sont plus importantes que les sorties, mais ne compensent pas les soties des agents. 
De plus, les mutations sortantes sont quatre fois plus importantes que les mobilités en­trantes, et ¼ des agents en mobilité sortante vont chez Réseau (métiers d'opérateur et ho­rairiste). 

Effectif total fin 2018 6 416

Mutations entrantes (en mobilité interne) +102
Mutations sortantes (en mobilité interne) -387
Entrée CDD +46
Sorties CDD -33
Entrée contractuels +69
Sorties contractuels -31
Entrée CP +37
Sorties CP -329
Variation des contrats aidés -55
Autres effets -5
Effectifs total fin 2019 5 830

Quels sont les motifs de cessation de  fonction en 2019 ?

En 2019, les départs à la retraite concernent moins de la moitié des cessations de fonction. Par ailleurs, 13 % des cessations de fonction concernent des départs volontaires, et 11 % des démissions (soit 45 en 2019). Les démis­sions augmentent constamment depuis 2017; elles ont été multipliées par 3. 

Et l'intérim ? 

Même si les intérimaires ne sont pas comptés dans l'effectif de Fret SNCF, le bilan social re­groupe des données sur les dépenses versées aux entreprises extérieures pour mise à dis­position du personnel (entreprises de travail temporaire et entreprises réalisant des pres­tations de service pour la SNCF). En 2019, ces dépenses ont augmenté de l0 % ; elles représentent 8,7 M€, dont 56 % pour l'inté­rim. À elles seules, les dépenses d'intérim ont progressé de 26 %.

La tendance au vieillissement de la  population se confirme en 2019. 

Entre 2018 et 2019, le nombre d'agents âgés de 44 ans et moins est en baisse, alors que la tranche d'âge 45 - 54 ans progresse. Au périmètre de Fret SNCF, l'âge moyen en 2019 est de 43,2 ans, avec des agents tendanciellement plus âgés sur le métier de chargé de mise en œuvre des prestations Fret (44,l ans en moyenne). Par ailleurs, chez le personnel de conduite (qui est le métier le plus représenté chez Fret SNCF), l'âge moyen est de 42,6 ans.
En 2019, 2/3 de 11 effectif au cadre permanent a une ancienneté supérieure à 18 ans, et près de 90 % des agents contractuels ont une an­cienneté inférieure à 15 ans. 

Un taux de promotion  de 6 % en 2019. 

Avec 6 % promus en 2019, le taux de promo­tion augmente (5 % en 2018). Par ailleurs, en 2019, on compte 5 % d'hommes promus et 12 % de femmes). Les qualifications ayant eu le taux de promotion les plus important sont les qualifications B, G, H et F pour les hommes et « jeunes cadres », G, H et TB pour les femmes. 

Que nous apprennent les indicateurs du bilan social liés aux conditions de  travail? 

Tout d'abord sur l'absentéisme, l'absentéisme pour maladie est la première cause d'absence. Le nombre de jours d'absence pour maladie est en diminution entre 2018 et 2019 (-4 %), mais les effectifs diminuent plus vite : - 9 %.


Autrement dit, les jours moyens d'absence maladie par agent sont en progression entre 2018 et 2019 ; presque 13 jours d'absence maladie en moyenne par agents en 2019, que l'agent ait été absent ou non. 
De plus, l'absentéisme maladie concerne plus le personnel sédentaire et les maîtrises. 
71 % des arrêts maladie sont inférieurs à  10 jours, et la moitié des jours d'absence concernent des arrêts longs (91 jours ou plus). Ces données doivent interpeller, car ce sont les arrêts courts qui désorganisent le collectif de travail et la production (pas de remplace­ment du salarié absent, charge de travail re­portée pendant l'absence, ... ) 
Ensuite, l'accidentologie : en 2019, les acci­dents de travail avec arrêt sont en recul (de 140 à 128), mais avec un effectif et une ac­tivité en diminution; les accidents de travail sont donc plus fréquents. De plus, ceux-ci sont plus graves (ils ont entraîné un arrêt plus long). 
Quatre métiers concentrent pratiquement l'en­semble des accidents de travail avec arrêt : 
opérateur de production fret (69 AT), agent de conduite (32 AT), opérateur de maintenance fret (13 AT) et opérateur mise en œuvre de prestation fret ( 1 0 AT). 
De plus, ce sont les agents les plus jeunes avec le moins d'ancienneté dans l'entreprise qui sont le plus exposés à l'accidentologie. 
Enfin 38 % des accidents de travail avec ar­rêt concernent des accidents de plain-pied et 26 % font suite à une manipulation d'objets au cours du travail. 

Que nous apprend le bilan formation  en 2019 ?

Le volume total des heures de formation recule de 20 %, notamment parce que les formations initiales conduite (qui nécessitent un nombre important d'heures) ont diminué : en 2018, il a plus de formations TB, dont une qui courait y sur toute l'année 2018. En 2019, il y a eu 10 recrutements et 6 réussites, donc un volume moindre de formations TB. 
De plus, il y a eu deux sessions de recrute­ment « attachés » en 2018, et qu'une seule en 2019. 
Les formations des agents de maîtrise sont lon­gues, et les formations FILEAS n'ont pas été réalisées en 2019. Le nombre de recrutement d'agents de maîtrise en 2019 est inférieur à 2018 (20 pour 30 en 2018). 
Enfin, entre 2018 et 2019, il y a eu 14% d'agents formés en moins (pour un effectif qui recule de 9 %). 
Au 31 août 2020, 92,7 % des agents ont bé­néficié d'un entretien professionnel sur les 24 derniers mois. 

Pour conclure :

Le bilan 2019 et les autres documents de l'en­treprise qui permettent de décrypter la poli­tique sociale, l'emploi et les conditions de travail, mettent en évidence  des indicateurs qui se dégradent.  Ce qui signifie que les conditions de travail sont impactées négativement par la baisse des effectifs, ce qui occasionne pour les agents de la souffrance au travail. 
Cette dégradation des conditions de travail est également mise en évidence dans le rapport annuel du médecin du travail. Lors des consul­tations des agents avec la médecine du tra­vail, les sujets de souffrance au travail, attrac­tivité de l'entreprise, sens au travail/Perte de repère, manque de moyens pour travailler en qualité, propos sexistes, propos homophobes y sont largement abordés. Des éléments que la Direction de Fret SNCF a choisie d'ignorer jusqu'à présent, mais combien de temps pourra-t-elle encore fermer les yeux ?


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