Par Bruno Vincens, journaliste
La situation de Fret SNCF est alarmante : baisse de l’activité et des effectifs. Il est urgent de moderniser et développer le fret ferroviaire public, indispensable au pays.
Depuis une vingtaine d’années le transport de marchandises par le rail a été dépecé. Les politiques d’abandon des trafics ont plongé le fret ferroviaire dans un état critique.
Pourtant, l’urgence environnementale nécessite pour acheminer les marchandises de préférer le train au camion qui contribue largement au réchauffement climatique.
Un long processus
Depuis le 1er janvier 2020, le fret public ferroviaire est livré à lui-même. SNCF Mobilités a été scindée en deux, SNCF Voyageurs et Fret SNCF, mettant fin aux synergies possibles. Autre menace : avec l’éclatement du Groupe public ferroviaire, le gouvernement a imposé à Fret SNCF un statut de société par actions simplifiée (SAS), qui ouvre la voie à une possible privatisation ou liquidation.
La désorganisation appliquée depuis le 1er janvier 2020 s’inscrit dans un
processus plus ancien.
En 2006 la SNCF perdait son monopole du transport de marchandises, l’irruption d’opérateurs privés étant censée relancer le fret ferroviaire.
Il n’en a rien été. Depuis quinze ans la part modale du rail dans le transport de marchandises ne cesse de décliner, tombant désormais à 9 %, alors qu’elle s’établit à 18 % en Allemagne. Et les effectifs du fret ferroviaire public ont fondu : environ 14 600 agents en 2007, 5 875 fin 2019.
Des propositions concrètes
Les entraves dressées devant Fret SNCF sont parfaitement identifiées et il suffirait de décisions politiques pour ouvrir la voie aux trains de marchandises. Par exemple, la Commission économique du CCGPF préconise dans son rapport la modernisation de la plateforme fret de Miramas, dans les Bouches-du-Rhône, pour remettre en état les installations de triage et retrouver une capacité de 3 000 wagons par jour (contre 800 aujourd’hui).
L’abandon du site de Miramas lâcherait chaque année 225 000 poids lourds supplémentaires sur les routes de la région.
Outre le cas de Miramas, la Commission économique développe une stratégie globale pour relancer le fret ferroviaire : « Il s’agit d’inscrire le chemin de fer au cœur de l’économie des échanges. » Dans le cadre d’un « Schéma national du fret » il serait possible de « prévoir et coordonner les flux de marchandises ». Il est urgent de donner davantage de cohésion. […]
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Au sommaire également de ce numéro :
- Les élus cheminots ne se résignent pas au déclin de la SNCF
- Les obstacles à lever pour redresser la compagnie nationale
- 28 000 kilomètres de lignes : un potentiel sous-utilisé
- Intercités : chronique d'une disparition annoncée
- Retisser des synergies industrielles et sociales
- Sortir la SNCF de l'ornière financière
- Retirer le carcan financier qui étouffe la SNCF
- Remettre le service public sur les rails