UNE DETTE EN HAUSSE / DES EFFECTIFS EN BAISSE


2018 et 2019 : des résultats illustrent une nouvelle fois l’impasse dans laquelle se trouve FRET SNCF

FRET SNCF publie chaque année ses comptes. Ils permettent de mesurer l’évolution de l’activité, des revenus, des charges, des effectifs, etc. Ils permettent de comprendre comment va l’entreprise (sa dette, son patrimoine, etc.).

Deux commissions économiques se sont tenues les 9 et 13 mai 2019. Elles portaient sur les résultats de FRET SNCF pour l’exercice clos 2018 et le budget 2019. Une question : comment va FRET SNCF ? Une réponse : toujours mal. Tentatives d’éclairage avec les chiffres présentés par le cabinet SECAFI, expert du CSE.

FRET SNCF accuse, en 2018, de nouvelles pertes. Le budget 2019 table également sur de nouveaux déficits. Ces deux exercices sont à l’image de ce que nous endurons depuis plus de 10 ans : chaque année, de moins en moins d’activité, chaque année, de moins en moins de cheminots. 

Ces commissions économiques ont permis de disposer de plusieurs informations sur différents indicateurs suivis par l’entreprise. Ces derniers illustrent assez bien la façon dont FRET SNCF évolue depuis 2009. Son activité se réduit d’année en année, soutenue par quelques rehaussements tarifaires timides sans pour autant que les économies réalisées (principalement sur les effectifs) permettent de stopper l’hémorragie de la dette, comme l’illustre les indicateurs suivants :


Indicateurs fin d’année 2017 2018 Budget 2019

Trains km à charge (M tr-km) 35,6 31,5  nd
Trafics Fret (GTKm) 18,7 17,4 18,7
Produits du trafic (en M€) 810 727 828
Charges (en M€) -1043 -1004 -1005
MOP (en M€) -114 -172 -88
Frais financiers (en M€) -165 -160 -163
Locomotives (en Nbre) 488 487 469
Effectifs (point de sortie) 5882 5503 5110
Endettement net (en M€) 4590 4976 5268

Même si les mouvements sociaux auraient pesé pour 86 M€ dans les recettes de 2018, FRET SNCF n’aurait tout de même pas atteint son objectif puisque l’entreprise réalise chaque année de moins en moins de trains, conformément à sa stratégie d’économies !

Les objectifs ne sont pas atteints

Les résultats de l’activité, à fin juillet, démontrent que FRET est en retard de près de 30 Millions d’€ par rapport au budget 2019 avec 1140 trains supplémentaires perdus ! Malgré des discours de la direction rassurants, la chute continue.

Pour 2018, hors coût mouvements sociaux, les résultats de Fret sont en retrait de 50 Millions d’€ par rapport au Budget. Le mal est donc profond.

FRET SNCF avait prévu de dépasser le milliard d’euros de chiffres d’affaires pour renouer avec l’activité équivalente à 2015. Mais, indépendamment des mouvements sociaux pour s’opposer à une réforme ferroviaire qui, entre autre, supprime le statut, le budget initial n'est encore pas atteint.


En M€ 2016 2017 B2018 2018 Ecart

Produits du trafic (en M€) 810 727 861 727 -134
dont mouvements sociaux 86
Non atteinte du budget - Hors mouvements sociaux -48

FRET SNCF ne parvient donc pas à inscrire son avenir dans la logique de développement qu’elle continue pourtant de porter dans les discours. Et la reconquête des trafics continue d’être un vœu pieux.

Toutes les DF sont en repli et connaissent de fortes difficultés qui s’expliquent notamment par de moindres évolutions de nos 10 clients structurants. C’est vrai par rapport à 2017 ; c’est vrai aussi par rapport à 2016, année pourtant marquée par nos difficultés dans le secteur des céréales et de la sidérurgie. Ainsi, en 2018, la majorité d’entre eux sont en retrait. 

La baisse de l’activité est à l’origine de nos résultats dégradés. Les économies réalisées dans l’exploitation sont à l’origine de nos difficultés opérationnelles.


10 ans d'effectifs en baisse

La MOP est un indicateur de « performance économique » suivi par FRET SNCF. Il se mesure par le solde entre les revenus et les dépenses engagées (personnel, maintenance, sillons, etc.).

FRET SNCF affiche depuis plusieurs années une politique forte de réduction de ses coûts en lien avec son objectif d’équilibrer ses résultats. En 7 années, les économies ont surtout été réalisées grâce notamment aux baisses d’effectifs et aux baisses de la maintenance.

Le cabinet d’expertise SECAFI a permis d’ailleurs de réaliser une chronique d’effectif qui met bien en évidence la baisse du nombre d’emploi depuis 2010 :

Ainsi, malgré les économies réalisées, les résultats opérationnels demeurent dégradés. D’ailleurs, l’expert souligne l’enjeu de la reconquête des trafics.

Pour ce dernier, si nous avions la même activité qu’en 2015, FRET SNCF arriverait aujourd’hui à couvrir ses charges.

C’est un élément d’autant plus important, que les directions successives ont en même temps qu’elles faisaient régresser les organisations de production, eu comme discours la reconquête des trafics… laquelle n’est jamais arrivée.


Un endettement record

La marge opérationnelle (différence entre revenus et dépenses) affiche donc des pertes de 167 millions d’euros contre 114 en 2017. Sur 4 ans, 500 millions de pertes opérationnelles ont été affichées. Les produits du trafic (chiffre d’affaire obtenus par les trains de nos clients) expliquent la moitié de ces pertes là sur la période.

Conséquences de cette politique de désengagement, FRET SNCF connait un endettement sans précédent.

La dette de FRET SNCF s’élève à 4,9 milliards fin 2018. Cette dette, qui est en réalité une dette du Groupe, représente 70 % de l’endettement de SNCF Mobilités.

La dette est passée de 1,7 milliard en 2008 à 4,9 milliards en 2018. Cette progression s’explique pour moitié par les seuls frais financiers payés.

Les intérêts versés aux banques (frais financiers) représentent aujourd’hui 67 % des pertes de FRET SNCF. Aujourd’hui sur 5 Milliards de dettes, 2,3 Milliards proviennent des frais financiers.

Pour 2019, on change les chiffres des objectifs mais rien ne change.

Le budget 2019 affiche une volonté de réduction de la marge opérationnelle pour la situer à près de 90 M€ de pertes.

A ce jour, le budget ne semble pas pouvoir être atteint dans une période de fortes tensions pour les collectifs de travail et pour l’avenir de FRET SNCF. A ce titre, nous pouvons, par exemple, citer la réorganisation des DF et la suppression de 400 postes, compensée par des « créations » de 200 postes.

Dès lors, FRET SNCF est dans une période fragile qui va voir se conjuguer la remise en question de notre objet social, la transformation juridique (filialisation), la poursuite des pertes notamment de contrats et de trafics. Ces transformations continueront d’affecter les agents qui œuvrent, chaque jour, pour faire du mieux qu’ils peuvent leur travail, sans en disposer toujours des moyens nécessaires. Le management ne doit pas sous-estimer ces phénomènes avec des risques psycho-sociaux, accrus au sein de nos activités.

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